lundi 12 novembre 2012

Je me souviens...

Ma maison, presque minuit, Jour du Souvenir 2012.


Y'a juste une toute petite lueur dehors, là où c'est sombre et brumeux comme mon dernier novembre...

Aujourd'hui, sans offense, je me souviens de mes propres combats, et des vôtres.

Je me souviens des crises d'une bambine insécure en sentant les solutés sur ses mains qui cherchent le réconfort parental. D'une toute petite fille qu'on félicitait pour son grand courage qui, pour elle, n'était qu'habituel, logique et ordinaire. D'une préadolescente qui alternait entre la bienséance et la presque intimidation. D'une jeune fille un peu perdue qui vagabonde entre ses responsabilités intellectuelles et ses besoins artistiques. D'une «teenager» amoureuse de ses idéalisations à défaut d'avoir ce qu'elle cherchait dans ses séries américaines et ses films bonbon.

Je me souviens de tous ces superhéros que j'ai croisés sur mon chemin, même si quelques-uns se sont métamorphosés en vilains. D'une jeune demoiselle complexée qui a trouvé quelques miettes de confiance sur les lèvres et la langue d'êtres testostéronisés.  D'une timide cantatrice pas si chauve rêvant de devenir à la fois déesse du rock, de la pop, du soul, du blues, du jazz et de tes nuits... D'une maladroite guitariste à qui le folk a servi de journal intime. D'une étudiante confuse et déterminée à la fois, malgré l'incohérence de ces choix.

Je me souviens d'une quantité astronomique d'eau qu'on m'a autant dit de boire que de sauver. Des tonnes de mouchoirs en papier qui ont essuyé mes fuites de nez et mes larmes salées. Des petites bêtes poilues qui adoucissent l'existence humaine. Des plus grosses bêtes barbues qui sont allées explorer mon coeur et y ont laissé leur trace. Des pièges à ours desquels les anges des bois m'ont sauvée.

Je me souviens aussi des autres. Des inquiétudes réciproques entre mes amours et moi-même. D'une jeune femme pour qui les jokes de poisson-clown ont été remplacées par des chaînes et un pèse-personne. D'une femme forte, attentionnée et indépendante à qui je souhaite une paix amoureuse et un bien-être vivifiant. D'un homme dévoué qui mériterait honneur et respect, autant que reconnaissance. D'un jeune garçon maintenant rendu homme, patient et compréhensif, un guerrier protecteur qui devrait avoir le droit de rencontrer sa dulcinée et sa destinée toutes deux en même temps.

Je me souviens de voyageurs qui cherchent à se trouver ou à se perdre, parce qu'au fond, c'est presque la même chose au bout du compte. De princesses, de licornes et de fées qui ont barbouillé ma vie d'arc-en-ciel exaltants. De fous rires, de sourires, de moustaches et de gourmandise.

Et j'espère me souvenir que je veux créer d'autres souvenirs pour pouvoir vous redire dans un avenir lointain, je me souviens.






«Le souvenir a le même pouvoir que l'écriture.»- Amélie Nothomb

samedi 30 juin 2012

Au rythme entêtant des battements de mon coeur


On m’a fait une demande spéciale. Un homme-garçon qui était un peu chaud, qui s’intéressait un peu à moi, qui me fait un peu d’effet, qui fera sûrement que je vais me poser des questions encore un peu… On m’a demandé d’utiliser ma plume (ou plutôt mon clavier semi-efficace pour l’instant) pour parler du destin…

Je dis souvent qu’il n’y a rien qui arrive pour rien. Même si desfois on a l’impression que la vie s’acharne sur nous, c’est peut-être pas mauvais, c’est peut-être mieux qu’elle s’acharne plutôt qu’elle nous ignore.

Peut-être que la femme de ta vie est en Irlande.
Peut-être que l’homme de ma vie aussi.
Peut-être que tu m’as rencontré pour qu’on le découvre ensemble.
Peut-être que tu m’as rencontré pour qu’on se découvre ensemble.
Peut-être que tu m’as rencontré pour qu’on découvre ensemble.

Peut-être que ton destin c’est d’être avec moi, Julie, Cynthia, Olivier ou Jean-François.
Peut-être que ton destin c’est de devenir médecin, animateur de radio, physicien ou gérant d’une épicerie.
Peut-être que ton destin c’est de vivre à Charlesbourg, à New York, à Hawai ou à Berlin.
Mais tu ne le sauras pas d’avance. Et même après, tu ne sauras pas si c’était le plan A.
Alors vis, apprend, observe, comprend, joue, ris, aime!

J’ai souvent le goût de prendre quelqu’un par la main et de lui dire : « Viens-t’en chéri, le monde nous attend, allons-y ! »

Pourquoi chaque averse me rappelle les chaudes gouttes de ta douche téléphone?
Pourquoi chaque averse me redonne un petit espoir fantasmagorique de femme-ado?
Pourquoi chaque averse me transit de vie et de bonheur au lieu de froid et de rage?

Est-ce qu’on peut passer à côté de notre destin? Tu dis que oui. Moi je pense que ce serait un peu ironique. Le destin, c’est pas justement ce que la vie nous réserve? Qui est-ce qui le connaît notre destin? Nous ou la vie elle-même? Et la vie, elle le sait plus que nous quels choix on va faire? C’est pas ça le destin? C’est pas la vie qui nous amène à faire des choses qui nous conduisent sur le chemin de notre destin?  Et notre destin, il peut pas changer au cours de notre vie? L’univers, il a pas le droit de changer d’idée lui aussi?

L’univers, la vie, le destin, ce sont tous des capotés (comme moi!) Arrête de t’inquiéter avec ça, tu ne les manqueras pas. Ils sont trop flagrants. Ils sont trop excentriques. Ce sont des joyeux lurons!

Je suis tentée de sortir mon Petit Robert 2012 pour vous sortir une définition du destin.
Mais dans le fond, c’est mieux de le décrire comme on veut.
Mais dans le fond, c’est mieux d’en créer un peu.
Mais dans le fond, c’est mieux de faire ce qu’on peut.
Mais dans le fond, c’est mieux que ça reste un peu mystérieux… 











« Le destin mêle les cartes et nous jouons. »- Arthur Schopenhauer    

vendredi 25 mai 2012

Never Gonna Give You Up, tsé comme Rick Astley


L’acharnement. Selon le Petit Robert 2012, il s’agit de « l’ardeur furieuse et opiniâtre dans la lutte, la poursuite, l’effort. » Et ça me semble être le BON mot. On dit souvent de moi (et je dis souvent de moi-même) que je suis une fille de défis, une battante. Dans la vie, j’ai besoin d’avoir quelque chose à régler, d’avoir quelqu’un à sauver, d’avoir quelque chose à prouver. Ce n’est peut-être pas toujours à mon avantage. Ça peut être irritant parfois. Ça peut être incompréhensible, compliqué, bizarre et même un peu too much. Mais j’en ai besoin.

Desfois, j’me dis que j’aimerais donc bien que les choses soient simples pour une fois! Mais est-ce que c’est possible? Trop idéaliste? Trop naïf? Trop ambitieux? Ou au contraire trop paresseux? Est-ce un signe de faiblesse de préconiser la facilité et la légèreté? Encore une fois, tout est une question d’équilibre. Je crois que choisir la légèreté peut  être une force. Parce que souvent, ça prend un effort pour décrocher de ses grandes batailles pour se reposer corps et âme. C’est dur de risquer de perdre le contrôle. C’est dur d’essayer de ne penser à rien. Trop penser, c’est s’intoxiquer. Mon prof de yoga avait donc raison! C’est puissant un cerveau. Mon père avait également raison en me disant que quand on ne peut pas avoir le contrôle sur quelque chose, vaut mieux laisser la vie le régler. C’est puissant la vie aussi.

S’acharner pour ouvrir un esprit qui est trop étroit.
S’acharner pour attacher un bouton qui ne s’attache pas.
S’acharner pour fermer un robinet qui coulera toujours un peu.
S’acharner pour être voulu de celui qui ne veut pas.
S’acharner pour avoir ce qu’on ne peut pas avoir.
S’acharner pour convaincre l’autre qu’on a raison.
S’acharner pour se convaincre soi-même.
S’acharner pour acquérir des connaissances.
S’acharner pour développer un savoir.
S’acharner pour comprendre l’incompréhensible.
S’acharner pour expliquer l’inexplicable.
S’acharner pour exprimer l’inexprimable.
S’acharner pour aimer ce qui est détestable.
S’acharner pour rendre possible l’impossible.
S’acharner pour faire quelque chose qui ne semble pas naturel.
S’acharner pour avoir l’air authentique.
S’acharner pour plaire.
S’ACHARNER POUR S’ACHARNER.

Est-ce qu’il faut souffrir pour mériter quelque chose de bien? Est-ce qu’il faut absolument travailler comme des déchaînés pour avoir le droit de vivre aisément? Est-ce qu’il faut avoir couru le marathon pour apprécier un grand verre d’eau froide? Et qui décide de tout ça?

Personne.

Alors on s’acharne à trouver un être tout-puissant. Alors on s’acharne à trouver des solutions extrémistes à tous nos problèmes. Alors on s’acharne à faire des bonnes actions pour le bien de notre karma. Alors on s’acharne à scander des slogans pour convaincre tout le monde qu’on est là. Parce qu’au fond, c’est ça qui compte.

Parce qu’au fond, on change le monde, parole par parole, geste par geste. Parce qu’au fond, l’important, c’est nous. Parce qu’au fond être une pièce dans la grosse machine de la vie humaine n’est pas nécessairement péjoratif. Elle roule l’humanité. Et qui décide de tout ça?

Tout le monde.

On s’acharne à continuer de s’acharner parce que l’inertie, bah, c’est plate.
On s’acharne à continuer de s’acharner parce que c’est plaisant de voir son œuvre dans le monde.
On s’acharne à continuer de s’acharner parce que c’est beau le dévouement.
On s’acharne à continuer de s’acharner parce que on s’acharne à continuer de s’acharner.

Et elle roule l’humanité. Et elle est belle la vie. Et elle est puissante la vie.









« Ce qui complique tout, c’est que ce qui n’existe pas s’acharne à faire croire le contraire. » -Michel Tournier

vendredi 9 mars 2012

Hausse, grève et autres chicanes...


J’en ai assez. J’vais pas dire que j’en ai assez des égoïstes paresseux qui sont pour la hausse ou contre la grève. J’vais pas dire que j’en ai assez des hippies nomades qui sont pour la grève et contre la hausse. J’vais pas dire non plus que j’en ai assez de ceux qui peuvent avoir l’air de ne rien comprendre en étant contre la hausse et contre la grève ou pour la hausse et pour la grève. J’en ai seulement assez de ce gros bitchage collectif. Depuis longtemps, le débat n’est plus sur un problème économique ou sur une position par rapport à l’éducation dans notre société, c’est un véritable champ de bataille entre individus. On se traite de noms, on insinue que certains en savent plus que d’autres, on imagine savoir ce que les autres ont en tête et comment ils vivent. On reproche aux politiciens en temps de campagne électorale de ne faire ressortir que les failles et défauts des autres politiciens pour se faire valoir. Et c’est ce que nous faisons. On s’attaque à la personne plutôt qu’à l’idée.

Il me semble que c’est clair que peu importe notre position face à la hausse des frais de scolarité ou par rapport à la grève générale illimitée, nous avons tous le même but : étudier. Si ce débat est aussi gros, si ce sujet est sur toutes les lèvres présentement au Québec, c’est bien parce que les étudiants ont leur éducation à cœur. Peu importe la façon qu’ils le présentent. Peu importe s’ils décident de piqueter devant les classes et d’aller manifester pour montrer au gouvernement que les étudiants sont dévoués et veulent une éducation qui soit et restera accessible pour tous, parce que c’est un droit et non un produit. Peu importe s’ils veulent continuer d’assister à leur cours et se rendre malades à travailler en même temps pour pouvoir payer leur éducation. Peu importe comment ils se battent, ils le font. Ils sont là, à cracher des mots, à revendiquer leurs droits, à faire part de leur opinion. Même si parfois leur opinion peut paraître individualiste. Une collectivité, une société, ce n’est pas une grosse masse de pâte à modeler. Ce n’est pas un gros 2 par 4. Une collectivité, une société, c’est fait d’individus. Et c’est en combinant les droits, les souhaits, les rêves et les pensées de chacun d’entre nous qu’on peut créer une réelle association, une vraie communauté.

J’en ai assez de mon fil de nouvelles Facebook rempli d’insultes entre les gens qui sont pour et ceux qui sont contre. J’en ai assez des commentaires disgracieux que les gens se lancent. J’en ai assez des faux débats qui finissent en malaise général. J’en ai assez du vert qui confronte le rouge. J’ai quasiment le goût de mettre un triangle bleu. Parce que MOI je suis pour l’éducation. Parce que MOI je suis pour que le Québec soit positivement différent des autres parties du monde.  Parce que MOI aussi j’ai le goût que mes enfants aillent à l’école, dans le programme qu’ils veulent, sans que ça ne leur coûte les yeux de la tête. Mais que je sais aussi que ça peut pas toujours être facile. Parce que MOI aussi j’ai le goût que tous les étudiants s’unissent, mais que j’ai découvert qu’ils le faisaient déjà d’une certaine façon sans le vouloir. Parce que MOI j’ai le goût de faire partie d’une communauté où les gens respectent les autres, même s’ils n’ont pas la même opinion.  Parce que MOI, je sais pas c’est quoi la meilleure solution pour modifier la présente proposition de la hausse des frais de scolarité, mais que je fais de mon mieux pour essayer de voir clair dans tout ça.


jeudi 19 janvier 2012

Tête, épaule, genoux, orteils...

À chacun son combat. On est  malades, on se bat pour la santé. On est en santé, on se bat pour l’argent. On a de l’argent, on se bat pour le bonheur. On a le bonheur, on se bat pour un sens. On a un sens. On a 5 sens.

L’ouïe : Un artiste se bat pour percer. Un fan fini un peu « psycho » se bat pour avoir un CD. Une personne avec un trouble de la parole se bat pour être compris. Un auditeur se bat pour comprendre. Un guitariste débutant se bat pour faire sonner un Bm comme du monde. Une chanteuse se bat pour atteindre la note la plus haute dans Seasons of Love, ou pour accoter Mariah Carey si elle est plus téméraire. Mon lobe d’oreille se bat pour pouvoir guérir et enfin reporter des Inchoo Bijoux. Un enfant d’un pays en guerre se bat pour ne pas entendre les coups de feu et les cris de mort. Ma tête se bat pour ne plus entendre cette petite voix négative et névrotique.

Mais un fœtus n’a pas à se battre pour entendre la voix de sa mère.
Mais mes oreilles n’ont pas à se battre pour entendre de la délicieuse musique.
Ou ta voix.

La vue : Certains se battent pour ne pas voir ce qui est laid, ce qui est mal, ce qui tue. D’autres se battent pour ouvrir les yeux de ceux qui ne voient rien. Certains se battent pour enfin voir la beauté parfaite devant leurs yeux. D’autres se battent contre leur reflet dans le miroir. Certains se battent pour modifier ce que l’on voit. D’autres se battent pour révéler la vérité.

Mais un enfant n’a pas à se battre pour voir ce qu’il y a dans son imagination.
Mais mes yeux n’ont pas à se battre pour voir que je suis entourée de magie.
Ou de petits plaisirs cachés.

L’odorat : On se pince le nez de xénophobie. On refuse de sentir la nouveauté. On se bat pour ne renifler qu’un monde aseptisé. Un cuisinier se bat pour obtenir le parfait arôme pour son plat. Un fleuriste se bat pour atteindre le mariage parfait d’odeurs pour son bouquet. Une p’tite madame se bat pour trouver le parfum qui les fera tous craquer. Un solitaire se bat pour retrouver l’odeur de celle qu’il a perdue.

Mais un enfant n’a pas besoin de se battre pour sentir une fleur sur le bord du chemin.
Mais je n’ai pas eu besoin de me battre pour sentir le parfum de papa en se préparant le matin.
Ou les crêpes du dimanche.

Le goût : Un diabétique se bat pour se sucrer le bec sans que sa glycémie fasse une crise existentielle. Un allergique se  bat pour que son radar d’allergène soit efficace. Une housewife se bat pour avoir la meilleure recette de cupcake. Un homme pauvre se bat pour un morceau de pain. Une femme monoparentale se bat pour ne pas laisser ses enfants le ventre vide. Un adolescent qui vient de se faire enlever ses dents de sagesse se bat pour ne plus avoir à « manger mou ».

Mais le véritable Pepper n’a pas besoin de se battre pour savourer sa première  gorgée d’un Dr Pepper bien froid.
Mais je n’ai pas eu besoin de me battre pour bien goûter ma première gorgée de whiskey. 
Ou la dernière…

Le toucher : Un romantique se bat pour avoir la femme de ses rêves dans son lit. Une jeune femme qui a été abusée se bat pour retrouver l’envie de proximité. Un couturier se bat pour avoir le tissu le plus doux. Le parent d’un enfant malade se bat pour que tous ces « spécialistes » donnent un break de taponnage à son enfant. Un adolescent se bat pour avoir le courage de prendre la main de cette jolie demoiselle…

Mais tu n’as pas besoin de te battre pour prendre la mienne.
Mais je n’ai pas besoin de me battre pour gratter les oreilles de mes chiens…
Ou les cordes de ma guitare.


« Langage. Musique avec laquelle nous charmons les serpents qui gardent le trésor d'un autre.  » - Ambrose Bierce