Tous les réseaux sociaux me le
confirment. Une chance qu'ils sont là parce que j'ose pas appeler
les gens pour leur demander de si mauvaises nouvelles. Une St-Jean
sûrement bien arrosée, un party de banlieue, un sentiment
d'invincibilité, pis le flash d'avoir une christie de bonne
idée sur le coup!!!
«Jérôme Collin succombe. Il
a succombé à de graves blessures infligées après avoir
possiblement fait du car surfing lors d’une fête privée donnée à
Beauport dans la nuit du 23 au 24 juin.»
Ça me bouleverse. Je le connaissais
peut-être juste de nom, et de face. Comme dans mon album de
finissants. Un nom, une face, pis des amis communs sur Facebook.
Mais crime. Lui aussi il devait se lever le matin pour aller
travailler. Lui aussi il avait vraiment hâte d'aller retrouver ses
chums pour festoyer. Lui aussi il était peut-être des fois
nostalgique des corridors de la poly. On s'est jamais vraiment
parlé, mais on avait quand même une identité commune. Une
hometown. Une école. Les mêmes trottoirs. C'est là qu'on se
rend compte que les gens qu'on côtoie dans une vie, même de loin,
ne sont pas qu'un nom et une face. Ils vivent. Ils s'éclatent. Ils
font des conneries. Certains deviennent célèbres. Certains
changent du tout au tout. Et certains meurent. Même avant qu'on ait
eu le temps d'oublier la cloche de l'école. Même avant qu'on ait eu
le temps de dire : «Eille te souviens-tu de tel gars au
secondaire?» Même avant qu'on ait tous une carrière et des
enfants. Même avant qu'on pense avoir une hypothèque. Même avant
les fameuses Retrouvailles.
À
notre âge, des fois on pense que notre vie est pas encore vraiment
commencée, pis la sienne a fini là. Juste comme ça. Comme pour
nous rappeler que c'est vrai que ça arrive pas juste aux autres.
Comme pour nous secouer. Pour nous faire réfléchir. Parce qu'on
dirait que sans drame, on a de la misère à réfléchir. Sans
contre-exemple tragique, on a du mal à savoir jusqu'où on peut
défier la puissance de la vie. Bordel.