jeudi 18 novembre 2010

Telle est la question...


Chers lecteurs,

Après une pause de plusieurs mois remplis d’inspirations diverses, d’expériences farfelues, de hasards troublants et de réflexions profondes et confuses, je reviens en force avec une chronique qui dort probablement depuis longtemps au fond de mon inconscient, mais qui m’était incapable d’écrire jusqu’à aujourd’hui. Partie à la recherche de citations qui me serviraient de muses pour mon futur article sur le thème du doute, j’ai réalisé que le sujet était plutôt compliqué et que les intellectuels ne s’entendaient pas du tout sur ce qu’il fallait en penser. C’est alors que la « grosse question philosophique sale » se pose. Devons-nous douter ou ne pas douter? (Ne fuyez pas tout de suite! J’entends déjà vos cerveaux (et le mien par le fait même) qui appréhendent de sentir le brûlé après cette réflexion, mais courage! Nous vaincrons.) Tout dépend de la définition du doute à laquelle on pense. D’un côté, il est souhaitable de remettre en question le monde dans lequel nous vivons. Si nous ne doutions jamais de l’efficacité ou de la véracité de quoi que ce soit, il n’y aurait jamais de changement. L’humanité n’évoluerait pas. Il n’y aurait pas d’inventions ni d’innovations. Nous ne pouvons pas nous permettre de croire aveuglément tout ce qu’on nous dit ou tout ce qui semble accepté par la majorité. Tout système comporte des failles et c’est en se questionnant que nous pouvons les trouver et ainsi tenter d’améliorer la société dans laquelle nous vivons. Devrions-nous conserver nos traditions ou essayer à tout prix d’aller de l’avant? Le gouvernement nous aide-t-il vraiment ou se met-il sans arrêt dans l’embarras à nos dépens? Les jeunes d’aujourd’hui sont-ils de vrais contestataires ou veulent-ils seulement en avoir l’air? Les Québécois sont-ils souverainistes par amour de leur culture ou par dégoût pour le reste du Canada? Le Canada considère-t-il le Québec comme une fierté de la diversité culturelle du pays ou comme son mouton noir? Suis-je obligée d’être d’accord avec l’opinion des gens que je fréquente? Sommes-nous gravement manipulés par les médias? Qu’est-ce qu’un bon citoyen? Qu’est-ce qu’on bon ami? Qu’est-ce qu’une bonne personne? S’interroger sur nous-mêmes, sur nos valeurs, sur l’attitude des gens de notre entourage, sur la signification de certaines choses, sur la véracité de certains faits, sur la logique et les réelles intentions de nos têtes politiques et sur le pouvoir de certaines instances ne peut que nous amener à une vision de la vie plus riche et plus réfléchie. Malheureusement, nous ne le faisons pas assez. Nous craignons de sortir de notre zone de confort décorée de vérités toutes faites qui nous ont été transmises depuis notre naissance. Cependant, est-ce que douter de tout est vraiment la solution au conformisme et à la paresse intellectuelle? N’y a-t-il pas certains points de la vie sur lesquels nous pouvons nous accrocher, nous construire des bases solides pour ériger la structure architecturale complexe qui définira qui nous sommes tout au long de notre existence? L’être humain étant en constant état de changement, il est normal qu’il vive quelques crises identitaires. Mais sur quoi pouvons-nous nous fier? La confiance et la croyance sont-elles des œuvres abstraites qui ne représentent finalement pas grand-chose? On dit que l’Homme a besoin de croire en quelque chose. Mais encore là, est-ce qu’une étude sociologique est une source sûre? Peut-on vraiment prouver quelque chose? Peut-être que oui. Peut-être que non. Bien que je soutienne qu’il soit primordial de se remettre en question, je crois qu’il est aussi important de pouvoir faire le bilan de toutes ces interrogations pour bâtir ses principes et ce qui nous servira de guide dans cette aventure rocambolesque qu’est la vie. Il ne faut pas avoir peur de réfléchir profondément, mais il faut aussi savoir faire la part des choses et utiliser nos expériences, nos observations et nos idées comme outils pour nous aider à vivre convenablement. Alors, devons-nous douter ou ne pas douter? Se poser la question est déjà un grand début.


« Douter de tout ou tout croire sont deux solutions également commodes, qui l’une et l’autre nous dispensent de réfléchir. » -Henri Poincaré