Ah! Les dilemmes nocturnes post-bacs. On
vise le plus haut possible, on ne réussit pas la première fois
alors il faut trouver un plan B. Puis arrivent d'autres possibilités
de plans B. Et là, il faut faire des choix. Un refus, ça met tout
plein de questions dans notre tête. Et si c'était un signe de la
vie pour nous dire que peut-être que quelque chose de mieux nous
attend? Et si c'était pour nous dire que notre premier choix avait
été retenu pour les mauvaises raisons? Et si c'était le temps de
réaliser nos rêves de petite fille? Ou d'envisager de nouvelles
routes vers une carrière et un avenir encore meilleurs?
Tant de choses à prendre en
considération : Est-ce que je vais me réessayer en maîtrise
l'année prochaine finalement? Est-ce que je devrais entreprendre une
autre maîtrise, au risque de devoir l'arrêter si je suis acceptée
dans la première au cours de la deuxième? Est-ce que je devrais
faire juste un an de quelque chose qui me servira «en attendant» de
réessayer mon plan A? Est-ce que mon «en attendant» risque de
devenir mon plan A? Et puis dans mes plans de un an, est-ce que c'est
mieux de faire un certificat même si c'est au premier cycle ou un
diplôme d'études supérieures spécialisées pour être étudiante
au deuxième cycle? Ça a de la classe le deuxième cycle. Ça paye
plus le deuxième cycle, je crois. Le gars qui a fait une maîtrise,
est-ce qu'il est plus respecté que le gars qui a fait trois bacs?
J'ai fait neuf ans d'anglais avancé et
j'ai toujours aimé les langues. Peut-être que je devrais aller en
traduction. Tous les parents qui ont envoyé leurs enfants en anglais
avancé rêvaient secrètement qu'ils deviennent traducteurs, non?
Mon enfant est bilingue (ou trilingue, ou plus), il va pouvoir aller
en traduction, ça paye la traduction, les gens ont besoin de gens
qui font de la traduction. Je ne sais pas.
Mon premier plan B si j'étais pas
prise en orthophonie, c'était mon certificat en rédaction
professionnelle. Ça me semblait adéquat. Je pensais même que
j'allais être aussi contente de faire ça que d'être orthophoniste.
Après tout, ça ne fait que quelques années que je veux être
orthophoniste. Mais j'ai souvent dit étant jeune que j'allais
devenir scénariste, ou journaliste, ou rédactrice en chef, ou femme
d'affaires (parce que oui, je pensais que c'était une job bien
spécifique être femme d'affaires.) Après tout, j'ai toujours eu
des excellentes notes dans mes productions écrites au primaire et au
secondaire, et dans mes critiques artistiques au cégep. Après tout,
je faisais des mots croisés quand j'étais petite et j'ai recommencé
récemment. Après tout, j'avais mon propre magazine quand j'étais
préado, et mon propre blog par la suite (et vous le savez si vous
êtes en train de lire ça!) Après tout, j'ai beaucoup trop joué à
Word Tornado dans les dernières années. Vous me donnez un texte à
corriger et c'est comme un bon morceau de gâteau au fromage au dulce
de leche (mais je prendrais le gâteau pareil.) J'écris un texte et
c'est comme si j'avais pris un bon café irlandais avec mon gâteau
(mais je prendrais le café aussi là.) Après tout, c'est parce que
j'ai un besoin existentiel d'écrire que je me lève la nuit pour
tapoter sur mon clavier ou pour griffonner sur du papier. La
rédaction c'est peut-être mon fantôme d'amour. Elle me hante. Mais
d'une bonne façon. Et je ne devrais pas la laisser partir.
D'un côté j'avais peut-être peur
qu'on me juge de ne pas avoir réussi. La maîtrise. La faculté de
médecine. Le fait de redonner le pouvoir de communiquer aux gens qui
ne l'ont pas ou qui ne l'ont plus. J'aimerais encore ça. J'avais
peur. Mais ils me connaissent. Mais ils m'aiment. Mais ils sont fiers
et seront fiers de moi quand même. Peut-être que notre carrière et
nos aspirations nous décrivent bien, mais ce n'est pas tout ce qui
nous définit. On est tout d'abord une personne, non? Peut-être
qu'on est pas obligés de suivre la vague juste pour prouver qu'on
est capables de le faire (bon, j'ai pas été capable cette fois-ci
mais vous comprenez...) Peut-être qu'on peut décider de faire ce
qui nous plaît, ce qui nous convient, et pas ce que les autres
attendent de nous ou ce qu'on croit qu'ils attendent de nous. Au
secondaire, je trouvais qu'il était pas mal tôt pour décider de
mon avenir. Et même si j'ai fait un bon bout de chemin depuis, j'ai
l'impression qu'une partie de moi se dit encore la même chose
aujourd'hui. Peut-être qu'on n'est pas obligés de planifier toute
notre vie à 22 ans non plus. Peut-être qu'on doit juste essayer une
voie, puis voir où elle va nous mener.
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