mercredi 19 mars 2014

Mon fantôme d'amour écrit

Ah! Les dilemmes nocturnes post-bacs. On vise le plus haut possible, on ne réussit pas la première fois alors il faut trouver un plan B. Puis arrivent d'autres possibilités de plans B. Et là, il faut faire des choix. Un refus, ça met tout plein de questions dans notre tête. Et si c'était un signe de la vie pour nous dire que peut-être que quelque chose de mieux nous attend? Et si c'était pour nous dire que notre premier choix avait été retenu pour les mauvaises raisons? Et si c'était le temps de réaliser nos rêves de petite fille? Ou d'envisager de nouvelles routes vers une carrière et un avenir encore meilleurs?

Tant de choses à prendre en considération : Est-ce que je vais me réessayer en maîtrise l'année prochaine finalement? Est-ce que je devrais entreprendre une autre maîtrise, au risque de devoir l'arrêter si je suis acceptée dans la première au cours de la deuxième? Est-ce que je devrais faire juste un an de quelque chose qui me servira «en attendant» de réessayer mon plan A? Est-ce que mon «en attendant» risque de devenir mon plan A? Et puis dans mes plans de un an, est-ce que c'est mieux de faire un certificat même si c'est au premier cycle ou un diplôme d'études supérieures spécialisées pour être étudiante au deuxième cycle? Ça a de la classe le deuxième cycle. Ça paye plus le deuxième cycle, je crois. Le gars qui a fait une maîtrise, est-ce qu'il est plus respecté que le gars qui a fait trois bacs?

J'ai fait neuf ans d'anglais avancé et j'ai toujours aimé les langues. Peut-être que je devrais aller en traduction. Tous les parents qui ont envoyé leurs enfants en anglais avancé rêvaient secrètement qu'ils deviennent traducteurs, non? Mon enfant est bilingue (ou trilingue, ou plus), il va pouvoir aller en traduction, ça paye la traduction, les gens ont besoin de gens qui font de la traduction. Je ne sais pas.

Mon premier plan B si j'étais pas prise en orthophonie, c'était mon certificat en rédaction professionnelle. Ça me semblait adéquat. Je pensais même que j'allais être aussi contente de faire ça que d'être orthophoniste. Après tout, ça ne fait que quelques années que je veux être orthophoniste. Mais j'ai souvent dit étant jeune que j'allais devenir scénariste, ou journaliste, ou rédactrice en chef, ou femme d'affaires (parce que oui, je pensais que c'était une job bien spécifique être femme d'affaires.) Après tout, j'ai toujours eu des excellentes notes dans mes productions écrites au primaire et au secondaire, et dans mes critiques artistiques au cégep. Après tout, je faisais des mots croisés quand j'étais petite et j'ai recommencé récemment. Après tout, j'avais mon propre magazine quand j'étais préado, et mon propre blog par la suite (et vous le savez si vous êtes en train de lire ça!) Après tout, j'ai beaucoup trop joué à Word Tornado dans les dernières années. Vous me donnez un texte à corriger et c'est comme un bon morceau de gâteau au fromage au dulce de leche (mais je prendrais le gâteau pareil.) J'écris un texte et c'est comme si j'avais pris un bon café irlandais avec mon gâteau (mais je prendrais le café aussi là.) Après tout, c'est parce que j'ai un besoin existentiel d'écrire que je me lève la nuit pour tapoter sur mon clavier ou pour griffonner sur du papier. La rédaction c'est peut-être mon fantôme d'amour. Elle me hante. Mais d'une bonne façon. Et je ne devrais pas la laisser partir.


D'un côté j'avais peut-être peur qu'on me juge de ne pas avoir réussi. La maîtrise. La faculté de médecine. Le fait de redonner le pouvoir de communiquer aux gens qui ne l'ont pas ou qui ne l'ont plus. J'aimerais encore ça. J'avais peur. Mais ils me connaissent. Mais ils m'aiment. Mais ils sont fiers et seront fiers de moi quand même. Peut-être que notre carrière et nos aspirations nous décrivent bien, mais ce n'est pas tout ce qui nous définit. On est tout d'abord une personne, non? Peut-être qu'on est pas obligés de suivre la vague juste pour prouver qu'on est capables de le faire (bon, j'ai pas été capable cette fois-ci mais vous comprenez...) Peut-être qu'on peut décider de faire ce qui nous plaît, ce qui nous convient, et pas ce que les autres attendent de nous ou ce qu'on croit qu'ils attendent de nous. Au secondaire, je trouvais qu'il était pas mal tôt pour décider de mon avenir. Et même si j'ai fait un bon bout de chemin depuis, j'ai l'impression qu'une partie de moi se dit encore la même chose aujourd'hui. Peut-être qu'on n'est pas obligés de planifier toute notre vie à 22 ans non plus. Peut-être qu'on doit juste essayer une voie, puis voir où elle va nous mener.   

lundi 1 juillet 2013

La ligne verte en car surfing ...

Tous les réseaux sociaux me le confirment. Une chance qu'ils sont là parce que j'ose pas appeler les gens pour leur demander de si mauvaises nouvelles. Une St-Jean sûrement bien arrosée, un party de banlieue, un sentiment d'invincibilité, pis le flash d'avoir une christie de bonne idée sur le coup!!!

«Jérôme Collin succombe. Il a succombé à de graves blessures infligées après avoir possiblement fait du car surfing lors d’une fête privée donnée à Beauport dans la nuit du 23 au 24 juin.»

Ça me bouleverse. Je le connaissais peut-être juste de nom, et de face. Comme dans mon album de finissants. Un nom, une face, pis des amis communs sur Facebook. Mais crime. Lui aussi il devait se lever le matin pour aller travailler. Lui aussi il avait vraiment hâte d'aller retrouver ses chums pour festoyer. Lui aussi il était peut-être des fois nostalgique des corridors de la poly. On s'est jamais vraiment parlé, mais on avait quand même une identité commune. Une hometown. Une école. Les mêmes trottoirs. C'est là qu'on se rend compte que les gens qu'on côtoie dans une vie, même de loin, ne sont pas qu'un nom et une face. Ils vivent. Ils s'éclatent. Ils font des conneries. Certains deviennent célèbres. Certains changent du tout au tout. Et certains meurent. Même avant qu'on ait eu le temps d'oublier la cloche de l'école. Même avant qu'on ait eu le temps de dire : «Eille te souviens-tu de tel gars au secondaire?» Même avant qu'on ait tous une carrière et des enfants. Même avant qu'on pense avoir une hypothèque. Même avant les fameuses Retrouvailles.


À notre âge, des fois on pense que notre vie est pas encore vraiment commencée, pis la sienne a fini là. Juste comme ça. Comme pour nous rappeler que c'est vrai que ça arrive pas juste aux autres. Comme pour nous secouer. Pour nous faire réfléchir. Parce qu'on dirait que sans drame, on a de la misère à réfléchir. Sans contre-exemple tragique, on a du mal à savoir jusqu'où on peut défier la puissance de la vie. Bordel.


lundi 12 novembre 2012

Je me souviens...

Ma maison, presque minuit, Jour du Souvenir 2012.


Y'a juste une toute petite lueur dehors, là où c'est sombre et brumeux comme mon dernier novembre...

Aujourd'hui, sans offense, je me souviens de mes propres combats, et des vôtres.

Je me souviens des crises d'une bambine insécure en sentant les solutés sur ses mains qui cherchent le réconfort parental. D'une toute petite fille qu'on félicitait pour son grand courage qui, pour elle, n'était qu'habituel, logique et ordinaire. D'une préadolescente qui alternait entre la bienséance et la presque intimidation. D'une jeune fille un peu perdue qui vagabonde entre ses responsabilités intellectuelles et ses besoins artistiques. D'une «teenager» amoureuse de ses idéalisations à défaut d'avoir ce qu'elle cherchait dans ses séries américaines et ses films bonbon.

Je me souviens de tous ces superhéros que j'ai croisés sur mon chemin, même si quelques-uns se sont métamorphosés en vilains. D'une jeune demoiselle complexée qui a trouvé quelques miettes de confiance sur les lèvres et la langue d'êtres testostéronisés.  D'une timide cantatrice pas si chauve rêvant de devenir à la fois déesse du rock, de la pop, du soul, du blues, du jazz et de tes nuits... D'une maladroite guitariste à qui le folk a servi de journal intime. D'une étudiante confuse et déterminée à la fois, malgré l'incohérence de ces choix.

Je me souviens d'une quantité astronomique d'eau qu'on m'a autant dit de boire que de sauver. Des tonnes de mouchoirs en papier qui ont essuyé mes fuites de nez et mes larmes salées. Des petites bêtes poilues qui adoucissent l'existence humaine. Des plus grosses bêtes barbues qui sont allées explorer mon coeur et y ont laissé leur trace. Des pièges à ours desquels les anges des bois m'ont sauvée.

Je me souviens aussi des autres. Des inquiétudes réciproques entre mes amours et moi-même. D'une jeune femme pour qui les jokes de poisson-clown ont été remplacées par des chaînes et un pèse-personne. D'une femme forte, attentionnée et indépendante à qui je souhaite une paix amoureuse et un bien-être vivifiant. D'un homme dévoué qui mériterait honneur et respect, autant que reconnaissance. D'un jeune garçon maintenant rendu homme, patient et compréhensif, un guerrier protecteur qui devrait avoir le droit de rencontrer sa dulcinée et sa destinée toutes deux en même temps.

Je me souviens de voyageurs qui cherchent à se trouver ou à se perdre, parce qu'au fond, c'est presque la même chose au bout du compte. De princesses, de licornes et de fées qui ont barbouillé ma vie d'arc-en-ciel exaltants. De fous rires, de sourires, de moustaches et de gourmandise.

Et j'espère me souvenir que je veux créer d'autres souvenirs pour pouvoir vous redire dans un avenir lointain, je me souviens.






«Le souvenir a le même pouvoir que l'écriture.»- Amélie Nothomb

samedi 30 juin 2012

Au rythme entêtant des battements de mon coeur


On m’a fait une demande spéciale. Un homme-garçon qui était un peu chaud, qui s’intéressait un peu à moi, qui me fait un peu d’effet, qui fera sûrement que je vais me poser des questions encore un peu… On m’a demandé d’utiliser ma plume (ou plutôt mon clavier semi-efficace pour l’instant) pour parler du destin…

Je dis souvent qu’il n’y a rien qui arrive pour rien. Même si desfois on a l’impression que la vie s’acharne sur nous, c’est peut-être pas mauvais, c’est peut-être mieux qu’elle s’acharne plutôt qu’elle nous ignore.

Peut-être que la femme de ta vie est en Irlande.
Peut-être que l’homme de ma vie aussi.
Peut-être que tu m’as rencontré pour qu’on le découvre ensemble.
Peut-être que tu m’as rencontré pour qu’on se découvre ensemble.
Peut-être que tu m’as rencontré pour qu’on découvre ensemble.

Peut-être que ton destin c’est d’être avec moi, Julie, Cynthia, Olivier ou Jean-François.
Peut-être que ton destin c’est de devenir médecin, animateur de radio, physicien ou gérant d’une épicerie.
Peut-être que ton destin c’est de vivre à Charlesbourg, à New York, à Hawai ou à Berlin.
Mais tu ne le sauras pas d’avance. Et même après, tu ne sauras pas si c’était le plan A.
Alors vis, apprend, observe, comprend, joue, ris, aime!

J’ai souvent le goût de prendre quelqu’un par la main et de lui dire : « Viens-t’en chéri, le monde nous attend, allons-y ! »

Pourquoi chaque averse me rappelle les chaudes gouttes de ta douche téléphone?
Pourquoi chaque averse me redonne un petit espoir fantasmagorique de femme-ado?
Pourquoi chaque averse me transit de vie et de bonheur au lieu de froid et de rage?

Est-ce qu’on peut passer à côté de notre destin? Tu dis que oui. Moi je pense que ce serait un peu ironique. Le destin, c’est pas justement ce que la vie nous réserve? Qui est-ce qui le connaît notre destin? Nous ou la vie elle-même? Et la vie, elle le sait plus que nous quels choix on va faire? C’est pas ça le destin? C’est pas la vie qui nous amène à faire des choses qui nous conduisent sur le chemin de notre destin?  Et notre destin, il peut pas changer au cours de notre vie? L’univers, il a pas le droit de changer d’idée lui aussi?

L’univers, la vie, le destin, ce sont tous des capotés (comme moi!) Arrête de t’inquiéter avec ça, tu ne les manqueras pas. Ils sont trop flagrants. Ils sont trop excentriques. Ce sont des joyeux lurons!

Je suis tentée de sortir mon Petit Robert 2012 pour vous sortir une définition du destin.
Mais dans le fond, c’est mieux de le décrire comme on veut.
Mais dans le fond, c’est mieux d’en créer un peu.
Mais dans le fond, c’est mieux de faire ce qu’on peut.
Mais dans le fond, c’est mieux que ça reste un peu mystérieux… 











« Le destin mêle les cartes et nous jouons. »- Arthur Schopenhauer    

vendredi 25 mai 2012

Never Gonna Give You Up, tsé comme Rick Astley


L’acharnement. Selon le Petit Robert 2012, il s’agit de « l’ardeur furieuse et opiniâtre dans la lutte, la poursuite, l’effort. » Et ça me semble être le BON mot. On dit souvent de moi (et je dis souvent de moi-même) que je suis une fille de défis, une battante. Dans la vie, j’ai besoin d’avoir quelque chose à régler, d’avoir quelqu’un à sauver, d’avoir quelque chose à prouver. Ce n’est peut-être pas toujours à mon avantage. Ça peut être irritant parfois. Ça peut être incompréhensible, compliqué, bizarre et même un peu too much. Mais j’en ai besoin.

Desfois, j’me dis que j’aimerais donc bien que les choses soient simples pour une fois! Mais est-ce que c’est possible? Trop idéaliste? Trop naïf? Trop ambitieux? Ou au contraire trop paresseux? Est-ce un signe de faiblesse de préconiser la facilité et la légèreté? Encore une fois, tout est une question d’équilibre. Je crois que choisir la légèreté peut  être une force. Parce que souvent, ça prend un effort pour décrocher de ses grandes batailles pour se reposer corps et âme. C’est dur de risquer de perdre le contrôle. C’est dur d’essayer de ne penser à rien. Trop penser, c’est s’intoxiquer. Mon prof de yoga avait donc raison! C’est puissant un cerveau. Mon père avait également raison en me disant que quand on ne peut pas avoir le contrôle sur quelque chose, vaut mieux laisser la vie le régler. C’est puissant la vie aussi.

S’acharner pour ouvrir un esprit qui est trop étroit.
S’acharner pour attacher un bouton qui ne s’attache pas.
S’acharner pour fermer un robinet qui coulera toujours un peu.
S’acharner pour être voulu de celui qui ne veut pas.
S’acharner pour avoir ce qu’on ne peut pas avoir.
S’acharner pour convaincre l’autre qu’on a raison.
S’acharner pour se convaincre soi-même.
S’acharner pour acquérir des connaissances.
S’acharner pour développer un savoir.
S’acharner pour comprendre l’incompréhensible.
S’acharner pour expliquer l’inexplicable.
S’acharner pour exprimer l’inexprimable.
S’acharner pour aimer ce qui est détestable.
S’acharner pour rendre possible l’impossible.
S’acharner pour faire quelque chose qui ne semble pas naturel.
S’acharner pour avoir l’air authentique.
S’acharner pour plaire.
S’ACHARNER POUR S’ACHARNER.

Est-ce qu’il faut souffrir pour mériter quelque chose de bien? Est-ce qu’il faut absolument travailler comme des déchaînés pour avoir le droit de vivre aisément? Est-ce qu’il faut avoir couru le marathon pour apprécier un grand verre d’eau froide? Et qui décide de tout ça?

Personne.

Alors on s’acharne à trouver un être tout-puissant. Alors on s’acharne à trouver des solutions extrémistes à tous nos problèmes. Alors on s’acharne à faire des bonnes actions pour le bien de notre karma. Alors on s’acharne à scander des slogans pour convaincre tout le monde qu’on est là. Parce qu’au fond, c’est ça qui compte.

Parce qu’au fond, on change le monde, parole par parole, geste par geste. Parce qu’au fond, l’important, c’est nous. Parce qu’au fond être une pièce dans la grosse machine de la vie humaine n’est pas nécessairement péjoratif. Elle roule l’humanité. Et qui décide de tout ça?

Tout le monde.

On s’acharne à continuer de s’acharner parce que l’inertie, bah, c’est plate.
On s’acharne à continuer de s’acharner parce que c’est plaisant de voir son œuvre dans le monde.
On s’acharne à continuer de s’acharner parce que c’est beau le dévouement.
On s’acharne à continuer de s’acharner parce que on s’acharne à continuer de s’acharner.

Et elle roule l’humanité. Et elle est belle la vie. Et elle est puissante la vie.









« Ce qui complique tout, c’est que ce qui n’existe pas s’acharne à faire croire le contraire. » -Michel Tournier

vendredi 9 mars 2012

Hausse, grève et autres chicanes...


J’en ai assez. J’vais pas dire que j’en ai assez des égoïstes paresseux qui sont pour la hausse ou contre la grève. J’vais pas dire que j’en ai assez des hippies nomades qui sont pour la grève et contre la hausse. J’vais pas dire non plus que j’en ai assez de ceux qui peuvent avoir l’air de ne rien comprendre en étant contre la hausse et contre la grève ou pour la hausse et pour la grève. J’en ai seulement assez de ce gros bitchage collectif. Depuis longtemps, le débat n’est plus sur un problème économique ou sur une position par rapport à l’éducation dans notre société, c’est un véritable champ de bataille entre individus. On se traite de noms, on insinue que certains en savent plus que d’autres, on imagine savoir ce que les autres ont en tête et comment ils vivent. On reproche aux politiciens en temps de campagne électorale de ne faire ressortir que les failles et défauts des autres politiciens pour se faire valoir. Et c’est ce que nous faisons. On s’attaque à la personne plutôt qu’à l’idée.

Il me semble que c’est clair que peu importe notre position face à la hausse des frais de scolarité ou par rapport à la grève générale illimitée, nous avons tous le même but : étudier. Si ce débat est aussi gros, si ce sujet est sur toutes les lèvres présentement au Québec, c’est bien parce que les étudiants ont leur éducation à cœur. Peu importe la façon qu’ils le présentent. Peu importe s’ils décident de piqueter devant les classes et d’aller manifester pour montrer au gouvernement que les étudiants sont dévoués et veulent une éducation qui soit et restera accessible pour tous, parce que c’est un droit et non un produit. Peu importe s’ils veulent continuer d’assister à leur cours et se rendre malades à travailler en même temps pour pouvoir payer leur éducation. Peu importe comment ils se battent, ils le font. Ils sont là, à cracher des mots, à revendiquer leurs droits, à faire part de leur opinion. Même si parfois leur opinion peut paraître individualiste. Une collectivité, une société, ce n’est pas une grosse masse de pâte à modeler. Ce n’est pas un gros 2 par 4. Une collectivité, une société, c’est fait d’individus. Et c’est en combinant les droits, les souhaits, les rêves et les pensées de chacun d’entre nous qu’on peut créer une réelle association, une vraie communauté.

J’en ai assez de mon fil de nouvelles Facebook rempli d’insultes entre les gens qui sont pour et ceux qui sont contre. J’en ai assez des commentaires disgracieux que les gens se lancent. J’en ai assez des faux débats qui finissent en malaise général. J’en ai assez du vert qui confronte le rouge. J’ai quasiment le goût de mettre un triangle bleu. Parce que MOI je suis pour l’éducation. Parce que MOI je suis pour que le Québec soit positivement différent des autres parties du monde.  Parce que MOI aussi j’ai le goût que mes enfants aillent à l’école, dans le programme qu’ils veulent, sans que ça ne leur coûte les yeux de la tête. Mais que je sais aussi que ça peut pas toujours être facile. Parce que MOI aussi j’ai le goût que tous les étudiants s’unissent, mais que j’ai découvert qu’ils le faisaient déjà d’une certaine façon sans le vouloir. Parce que MOI j’ai le goût de faire partie d’une communauté où les gens respectent les autres, même s’ils n’ont pas la même opinion.  Parce que MOI, je sais pas c’est quoi la meilleure solution pour modifier la présente proposition de la hausse des frais de scolarité, mais que je fais de mon mieux pour essayer de voir clair dans tout ça.


jeudi 19 janvier 2012

Tête, épaule, genoux, orteils...

À chacun son combat. On est  malades, on se bat pour la santé. On est en santé, on se bat pour l’argent. On a de l’argent, on se bat pour le bonheur. On a le bonheur, on se bat pour un sens. On a un sens. On a 5 sens.

L’ouïe : Un artiste se bat pour percer. Un fan fini un peu « psycho » se bat pour avoir un CD. Une personne avec un trouble de la parole se bat pour être compris. Un auditeur se bat pour comprendre. Un guitariste débutant se bat pour faire sonner un Bm comme du monde. Une chanteuse se bat pour atteindre la note la plus haute dans Seasons of Love, ou pour accoter Mariah Carey si elle est plus téméraire. Mon lobe d’oreille se bat pour pouvoir guérir et enfin reporter des Inchoo Bijoux. Un enfant d’un pays en guerre se bat pour ne pas entendre les coups de feu et les cris de mort. Ma tête se bat pour ne plus entendre cette petite voix négative et névrotique.

Mais un fœtus n’a pas à se battre pour entendre la voix de sa mère.
Mais mes oreilles n’ont pas à se battre pour entendre de la délicieuse musique.
Ou ta voix.

La vue : Certains se battent pour ne pas voir ce qui est laid, ce qui est mal, ce qui tue. D’autres se battent pour ouvrir les yeux de ceux qui ne voient rien. Certains se battent pour enfin voir la beauté parfaite devant leurs yeux. D’autres se battent contre leur reflet dans le miroir. Certains se battent pour modifier ce que l’on voit. D’autres se battent pour révéler la vérité.

Mais un enfant n’a pas à se battre pour voir ce qu’il y a dans son imagination.
Mais mes yeux n’ont pas à se battre pour voir que je suis entourée de magie.
Ou de petits plaisirs cachés.

L’odorat : On se pince le nez de xénophobie. On refuse de sentir la nouveauté. On se bat pour ne renifler qu’un monde aseptisé. Un cuisinier se bat pour obtenir le parfait arôme pour son plat. Un fleuriste se bat pour atteindre le mariage parfait d’odeurs pour son bouquet. Une p’tite madame se bat pour trouver le parfum qui les fera tous craquer. Un solitaire se bat pour retrouver l’odeur de celle qu’il a perdue.

Mais un enfant n’a pas besoin de se battre pour sentir une fleur sur le bord du chemin.
Mais je n’ai pas eu besoin de me battre pour sentir le parfum de papa en se préparant le matin.
Ou les crêpes du dimanche.

Le goût : Un diabétique se bat pour se sucrer le bec sans que sa glycémie fasse une crise existentielle. Un allergique se  bat pour que son radar d’allergène soit efficace. Une housewife se bat pour avoir la meilleure recette de cupcake. Un homme pauvre se bat pour un morceau de pain. Une femme monoparentale se bat pour ne pas laisser ses enfants le ventre vide. Un adolescent qui vient de se faire enlever ses dents de sagesse se bat pour ne plus avoir à « manger mou ».

Mais le véritable Pepper n’a pas besoin de se battre pour savourer sa première  gorgée d’un Dr Pepper bien froid.
Mais je n’ai pas eu besoin de me battre pour bien goûter ma première gorgée de whiskey. 
Ou la dernière…

Le toucher : Un romantique se bat pour avoir la femme de ses rêves dans son lit. Une jeune femme qui a été abusée se bat pour retrouver l’envie de proximité. Un couturier se bat pour avoir le tissu le plus doux. Le parent d’un enfant malade se bat pour que tous ces « spécialistes » donnent un break de taponnage à son enfant. Un adolescent se bat pour avoir le courage de prendre la main de cette jolie demoiselle…

Mais tu n’as pas besoin de te battre pour prendre la mienne.
Mais je n’ai pas besoin de me battre pour gratter les oreilles de mes chiens…
Ou les cordes de ma guitare.


« Langage. Musique avec laquelle nous charmons les serpents qui gardent le trésor d'un autre.  » - Ambrose Bierce